Quels points communs entre Bruce Springsteen, Philip Roth et la famille ?

Quels sont les points communs entre Bruce Springsteen, Philip Roth et la famille ? Tous deux sont natifs du New Jersey et écrivent. « Et la famille », me demanderez-vous ? « Elle va bien, merci », pourrait-on répondre à la manière de Georges Perec *.

Plus sérieusement, Philip Roth, interviewé cette semaine dans le Monde, pointe les différences entre sa famille, trop raisonnable à ses yeux, et celle de Bruce Springsteen, où tout le monde était un peu « dérangé ». Voici ce qu’en dit l’écrivain né à Newark :

Je suis en train de finir de lire l’autobiographie de Bruce Springsteen [Born to Run, Albin Michel, 2016], un très bon livre, d’ailleurs. Eh bien, si j’avais grandi dans un milieu tel que le sien, un milieu ouvrier dur, sans éducation, où tout le monde, à ce qu’il en dit, était dingue, je n’aurais sans doute pas trouvé mes propres mésaventures si difficiles à croire.

Il se trouve que rien dans ma vie ne m’avait préparé au sordide. Je venais de la classe moyenne juive du New Jersey, j’avais grandi dans un quartier de Newark très serein, paisible, où régnait la confiance. Mes parents étaient des gens très honnêtes. Mes amis les plus proches également. J’avais évidemment lu beaucoup de livres sur la trahison et le dérangement, mais je n’y avais jamais été confronté.

Malgré son admiration sans bornes pour l’auteur de Portnoy’s Complaint, l’auteur de ce blog doit avouer que cette opposition lui semble un peu sommaire. La famille, les voisins et les amis du jeune Springsteen n’étaient pas tous « crazy » (à commencer par sa mère Adele) et ceux du jeune Roth étaient sans doute moins parfaits qu’il ne voulait le croire.

Tout enfant a en effet tendance à vouloir se construire une famille « idéale » et à refuser de voir les inévitables conflits et dysfonctionnements qui troublent sa famille réelle. De ce point de vue, Bruce Springsteen était sans doute un enfant plus lucide que la moyenne – et que le petit Philip Roth.

On notera que, malgré ces enfances perçues de façons si différentes, Philip Roth et Bruce Springsteen ont un autre point commun : celui de s’être sortis (durablement on l’espère) de longues phases dépressives qui ont parfois paralysé leur expression artistique, avant de la renforcer.

Que cela nous vous empêche pas en tout cas de lire la passionnante interview de Philip Roth publiée à l’occasion de son entrée dans la Pléiade (à quand au fait celle de Bob Dylan et Bruce Springsteen ?) !

 

  • Extrait de Je me souviens :- Quelle différence y a t-il entre la tour Eiffel, ta chemise et ma famille ?
    – ?
    – La tour Eiffel est colossale et ta chemise est sale au col !
    – ? Et ta famille ?
    – Elle va très bien merci.
Publicité