« The Tree of Life », le moins springsteenien des films de Terrence Malick ?

A priori, The Tree of Life, la Palme d’or cannoise de Terrence Malick (dans les salles françaises depuis le 18 mai 2011), nous renvoie plus aux envolées mystiques de Pink Floyd période Zabriskie Point ou Atom Heart Mother qu’aux chansons toujours terre à terre de Bruce Springsteen.

Plus encore que les films précédents de Malick, The Tree of Life baigne en effet dans un transcendantalisme religieux propre à l’Amérique, dont Emerson et Thoreau furent les figures de proue au XIXe siècle.

Le projet de The Tree of Life est colossal : raconter rien moins que l’histoire du monde à travers celle d’une famille américaine du Texas dans les années 50 (et lycée de Versailles).

On est souvent déconcerté, voire énervé, face au maelstrom d’images et de sons (d’une beauté à couper le souffle) auquel nous soumet Terrence Malick pendant plus de deux heures. Entre 2001 et Koyaanisqatsi, l’évocation de l’univers, si forte soit-elle, nous touche moins que l’histoire familiale, portée par un Brad Pitt impérial et une révélation, Jessica Chastain, qui aurait mérité le Prix d’interprétation féminine à Cannes.

Et c’est là que l’on retrouve (quand même) une proximité entre l’univers de Malick et celui du Boss, car l’histoire forte et simple – trois garçons déchirés entre un père trop autoritaire et une mère trop aimante, dont l’un meurt tandis que l’un des autres (joué à l’âge adulte par Sean Penn) est traumatisé par cette enfance et ce décès – semble tout droit sortie d’une chanson de Bruce Springsteen. Un outtake caché de Tunnel of Love peut-être…

Au-delà (si vous me passez l’expression) de cette proximité thématique, l’idée que chaque histoire personnelle, réelle ou imaginaire, loin d’être anecdotique, reflète (ou du moins participe à) celle de l’humanité, voire de l’univers, est aussi au centre de la démarche de Bruce Springsteen, qui a toujours lié les sphères individuelle et politique.

Alors, malgré la différence dans les formes, The Tree of Life est peut-être bien, en fin de compte, un film springsteenien…

Vos avis sur cette analyse et sur le film sont les bienvenus.

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